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Destruction de l’océan : les lobbies de la pêche en cause

Nature
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L’océan couvre 70 % de la surface de la Terre. Outre le fait de produire la majeure partie de l’oxygène, il est un grand thermostat planétaire, autrement dit un immense régulateur du climat, puisqu’il absorbe chaque année près d’1/3 de nos émissions globales de CO2.
Mais il est menacé par la surexploitation chronique des poissons et la destruction de l’environnement marin, en grande partie liée à la pêche en eaux profondes.

Claire Nouvian est militante écologiste française, réalisatrice de documentaires animaliers et scientifiques et fondatrice et présidente de l’association BLOOM pour la conservation marine. Elle dénonce depuis 15 ans la méthode de pêche dite « du chalutage en eaux profondes », qui représente une aberration écologique, économique et éthique. Car les énormes filets qui raclent le fond des océans à plus de 2000 mètres de profondeur saccagent tout en menant une pêche non sélective. Mais les manœuvres scandaleuses des lobbies continuent de faire blocus. Claire Nouvian livre une nouvelle lutte contre les lobbies et industriels destructeurs de nos océans. Une bataille cruciale pour le climat et la biodiversité.

Les abysses en danger de mort

Les abysses, soit le fin fond de l’océan, constituent un patrimoine génétique commun à l’humanité, un réservoir de biodiversité gigantesque. C’est également l’un des milieux les plus fragiles et les moins résilients de la nature. Or les experts de l’IPBES affirment que la pêche industrielle est le premier facteur de destruction de l’océan, mettant aussi en péril les pêches artisanales, qui sont vivrières dans la plupart du monde, menaçant la sécurité alimentaire de bien des peuples autour de la planète.

Des pêches financées… par nos impôts !

Et sans l’injection d’argent public, elles n’existeraient pas… La solution simplissime serait d’éliminer les subventions néfastes. Sans aide publique, cette pêche resterait à quai. Bonne nouvelle d’abord : les acteurs de l’ONU se sont engagés à cette élimination depuis 2015, se mettant d’accord autour d’un objectif de développement durable (n°14.6).

En 2016, Claire Nouvian a ensuite réussi le coup de force de l’adoption d’un Règlement européen (proposé en 2012) interdisant le chalutage en eaux profondes. Le chalutage a ainsi été interdit au-delà de 800 m de profondeur.

En 2018 également, ce règlement européen devait acter la fermeture des zones abritant des écosystèmes marins vulnérables au-delà de 400 m de profondeur à tous les engins de pêche touchant le fond. Pourtant, en 2022, aucune restriction : les écosystèmes marins sont toujours massacrés quotidiennement.

Septembre 2022 : coup de théâtre immoral

Que manque-t-il à la Commission européenne pour procéder à la fermeture des zones contenant des écosystèmes marins vulnérable ? Des avis scientifiques, formulés à partir de données. Sans données, par de localisation des écosystèmes les plus fragiles. Sans avis scientifiques, pas de fermetures des zones à la pêche, aucune protection.

Et qui a délibérément décidé de ne pas envoyer ses données ? La France et l’Espagne. Par cette décision, ces pays ont choisi de conserver ces subventions. Leur position est inadmissible. « La Commission européenne a tapé du poing sur la table pour obtenir l’envoi des données. Il en résulte 87 zones fragiles à protéger en priorité. Fin juin 2022, un acte d’exécution a été adopté par les États membres – avec quatre ans de retard ! Il doit entrer en vigueur en ce mois de septembre 2022.

La pression des lobbies

Mais un scandale de plus éclate alors : profitant de l’été et d’une moindre vigilance citoyenne, les lobbies antiécologiques industriels, avec les États complices, vont à l’encontre de la loi et refusent la fermeture des zones. Les industriels espagnols menacent même la Commission européenne de poursuites judiciaires si elle applique la loi et met en place des mesures de protection des fonds marins !

Pour couronner le tout, le 12 avril 2022, tout en préparant son discours de Marseille du 16 avril visant à ramener à lui l’électorat écologiste, Emmanuel Macron a signé un décret qui détruit la notion de protection, puisqu’il n’y aura pas d’aire marine protégée. Ce décret représente une menace grave et immédiate pour l’océan et le climat et rend inopérant le concept même de « protection marine ». Bien sûr, l’association Bloom se mobilise et attaque ce décret.

Agir en tant que citoyens : 3 étapes majeures

  • Nous devons d’abord soutenir la Commission européenne pour qu’elle ne flanche pas face aux pressions honteuses des lobbies industriels de la France et de l’Espagne. Bloom propose d’écrire à @virginijus_sinkevicius commissaire européen le message suivant : Ne cédez pas aux pressions et menaces des industriels de la pêche et fermez dès septembre les 87 zones abritant des écosystèmes vulnérables et extraordinaires au-delà de 400 m de profondeur. Tenez tête aux industries climaticides, protégez l’océan et notre avenir.

  • Nous devons manifester notre refus d’alimenter cette pêche dévastatrice avec nos impôts et interpeler nos représentants politiques de tous bords à ce sujet.

  • Nous pouvons rayer le poisson de notre assiette, ou au moins le choisir chez des pêcheurs indépendants. CQFD : la flotte Intermarché est le leader de la pêche profonde.

Claire-lelong, journaliste.