Le saule constitue le genre le plus étendu de la flore ligneuse avec plus de trente espèces. Grande plante mellifère, il est l’arbre de toutes les traditions, le grand compagnon de l’Homme, administré par tous les praticiens qui ont marqué les grands changements de la médecine ! Il figurait déjà comme remède sur les tablettes d’argile de la Mésopotamie plus de 5000 ans avant J.-C.
La théorie des signatures est un concept qui attribue les propriétés médicinales des plantes en fonction de leur morphologie et de leur biotope : « les semblables soignent les semblables ». À la Renaissance, on considérait que les saules, vivant les racines dans l’eau (salix en latin signifie « près de l’eau »), devait soigner les « maladies aux pieds mouillés » type refroidissements, rhume, fièvre, grippe et les douleurs articulaires, nommées dans la pharmacopée chinoise « maladies humides ». La souplesse de ses rameaux (qu’on appelle osiers) est à l’image de l’action antalgique de son écorce contre les douleurs articulaires et rhumatismales.
C’est en 1828 qu’on extrait de l’écorce de saule l’acide salicylique pour créer la fameuse aspirine. La théorie des signatures disait juste… Dans le monde végétal, ces dérivés salicylés favorisent l’absorption d’éléments nutritifs, aident à la floraison et stimulent les défenses immunitaires contre les agressions bactériennes, virales ou fongiques…
Cet arbre pousse sous les aspects les plus divers, des dunes maritimes aux prairies de haute montagne. Le saule blanc, Salix alba, est un arbre qui affectionne les lieux humides, souvent cultivé en osier sous forme de têtards.
Le saule est une culture facile par bouturage. Une fois implantés, ces arbres permettent d’avoir rapidement des haies comme rideaux protecteurs et notre aspirine naturelle à portée de main !
On en extrait aussi, par simple macération des rameaux dans l’eau, une hormone de bouturage naturelle appelée eau de saule. C’est finalement trogné, mode de culture spécifique qui consiste à le tailler chaque année une fois ses feuilles tombées, que le saule nous offrira ses jolis brins d’osier aux mille usages.
On récolte l’écorce des jeunes rameaux de 2 à 3 ans avant la floraison au mois de mars, après la montée de sève. Et les feuilles à la fin du printemps ou au début de l’été. L’écorce se roule facilement pour être séchée puis broyée au moment de l’emploi (avec un moulin à café assez robuste ou un grinder). Les dérivés salicylés se conservent une année au sec et à l’abri de la lumière. Pensons à renouveler notre stock chaque année.
Le saule était administré jadis en infusion de feuilles et/ou chatons, en décoction, en teinture, macéré dans le vin, en usage externe avec des cataplasmes de feuilles broyées pour cicatriser les plaies et les ulcères.
« Qu’attendent, répétant en feuilles fluides le murmure intemporel des eaux, les saules mi-joyeux mi-graves au bord des ruisseaux, des fleuves ? Leurs fleurs d’été sont une libellule, le vol onduleux des bergeronnettes, le trait d’acier d’un martin-pêcheur, le cuivre éclatant d’une bouscarle. En quel autre lieu du monde la vie manifeste-elle plus clairement sa course à contre courant du temps ? En quel autre lieu incertain l’incertitude se fait-elle aussi fragile ? »
Pierre Lieutaghi, Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux.
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