De moins en moins de produits BIO dans les cadis. C’est ce qu’annoncent les chiffres de la grande distribution de ces douze derniers mois. L’inflation due aux problèmes de production et d’acheminement générés par la crise sanitaire et les intempéries qui ont amené plus de complications dans l’agriculture y sont pour beaucoup. Et pourtant, on pourrait rapidement se dire que se nourrir correctement est une nécessité première après respirer et boire. Il semblerait que non.
Les produits bio, étant déjà un peu plus chers que la moyenne, ont souffert aussi de la flambée du gaz, de l’essence et de l’électricité. D’un côté sur le coût de production supérieur répercuté sur le prix de vente. Et de l’autre sur la perte du pouvoir d’achat dû à cette forte hausse pesant sur la bourse des ménages.
Même si l’image du bio commence à être ancrée chez tout le monde, les raisons de ce choix de consommation se fanent encore dans l’esprit des consommateurs. Même si les confinements ont bien permis aux gens d’y réfléchir et d’être séduits par l’idée en 2020, cette augmentation n’a pas perduré l’année suivante dans les grandes surfaces.
11 % d’achats en moins de fruits et légumes bio en 2021 et presque 7 % dans le bio en général en 2022. Le bio, qui avait connu une croissance exponentielle ces 15 dernières années, a fait naître de multiples petits magasins bio ensuite bouffés par les grosses chaînes comme « Bio c’est bon » ou l’invasion de Biocoop et ses multiples scandales. La grande distribution n’a pas tardé à suivre : Intermarché, E. Leclerc ou Cora, prenant les gens pour des cons en remplissant les colonnes de vrac avec les petits paquets de 150 g des rayons ou encore pire, en emballant des bananes et oranges épluchées sous plastique (pardon je me suis emporté). Nous avons malheureusement pu assister à l’épuisement d’un marché d’avenir dans l’agro-alimentaire en un temps record. Ils ont réussi l’impensable : faire du vivant un phénomène de mode. Le bio en grande surface n’a pas tenu plus longtemps que le modèle Stan Smith de chez Adidas dans les magasins de chaussures au 21ème siècle.
Les industriels arrêtent de développer leur gamme bio. Ils n’ont, malheureusement pour eux, toujours pas compris que les acheteurs de produits bio ne sont pas friands de « look like » pizza Buitoni et autres lasagnes dont on ne sait pas ce qu’il y a dedans. Ils n’ont pas non plus encore saisi que les consommateurs vraiment avertis avaient bien compris que « BIO » ne voulait pas dire « bon » pour la santé. Les labels, étant de plus en plus « laxistes » à défaut d’être laxatifs, ont pour certains laissé entrer les GMO et autres cochonneries. Ils n’ont pas non plus encore intégré que ces consommateurs-là avaient compris que le vrai producteur de ce qui les fait saliver n’était autre que la terre elle-même.
Mais, dans cette petite débandade, on a pu observer une augmentation dans les ventes de graines et de plantons ces trois dernières années. L’introspection et l’ennui aidant, beaucoup d’Européens se sont tournés vers la terre afin de retourner de la motte. Les réseaux sociaux pullulent de dons de plantons. Les jardiniers en herbe s’équipent. Les salades poussées maison sont de plus en plus appréciées. Il aura fallu attendre le décès de nos aînés en EHPAD, qui eux cultivaient encore, pour que la jeune génération s’y mette. Bref… Tout va bien, le monde évolue à sa façon.
Danny Marquis
Rédacteur en chef
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